Le but de ce blog est de parler de la beauté, de la famille et de la sexualité en prenant appui sur la communauté Guin et Mina. La communauté Guin et Mina a une culture riche de plus de 3,5 siècles mais peu connue. Aujourd'hui, cette communauté n'est visualisée qu'à travers les pratiques sexuelles peu positives d'une minorité de femmes guinnou ou Mina. Ce blog revisite l'organisation sexuelle du peuple Guin et Mina à travers le temps (approche diachronique) afin d'en tirer des inspirations susceptibles de façonner notre mode de vie contemporain. Mot clés : #Beauté, #Sexualité, #Famille, #Guin, #Mina
7 Mars 2020
Extrait du document d’histoire et de religion édité par le Palais royal Lolan en 2007 (voir pp. 17-39)
Le nom du chanteur est Gbessi Zolawadji
La célébration d’épé-ékpé, depuis la nuit des temps, suit une structuration très spécifique : l’année des «GƐn» est marquée par de grandes étapes. En effet, le peuple «GƐn» se réfère à la lunaison pour calculer l’année traditionnelle. Treize (13) luries font une année et elle est meublée de diverses cérémonies. Seuls les rois, les chefs traditionnels, les prêtres des divinités sont détenteurs de l’établissement du calendrier de l’année lunaire.
Les prêtres (Hounons) établissent le calendrier des cérémonies de la fête traditionnelle épé-ékpé attesté par les rois avant sa publication. La lune est utilisée dans l’antiquité comme point de départ du calcul. On décompte les jours selon un calcul bien précis à partir du dernier quartier de la lune du mois de septembre. Toutefois, de nos jours, le calcul se fait à partir du calendrier grégorin de l’année en cours.
Les étapes du déroulement de l’année des «GƐn» sont les suivantes :
Les cérémonies proprement dites liées à cette étape débutent au cours du mois de juin selon un calendrier préalablement établi par un collège pastoral composé de sages hounons détenteurs des lois de la confession sinsin.
Sédodo est la période au cours de laquelle il y a suspension de toute activité traditionnelle tapageuse comme les coups de salves, les jeux de tam-tam, les funérailles dans les quartiers, etc., bref tout ce qui peut provoquer des bruits. Les cérémonies funéraires sont allégées (dodé moulé o). L’être humain «GƐn» se ressource spirituellement, il fait son examen de conscience qui lui permet de prendre conscience de ses erreurs, ses insuffisances à l’égard de lui-même et à l’égard des autres. Il se repent et demande le pardon pour ses péchés.
Cette cérémonie commence dans le quartier Djamadi-Eka, et à Glidji-Kpodji avant de s’étendre à toute la communauté «GƐn» le jour de Situtu auprès de Togbé lankpan. Elle prend fin le jour de la prise de la pierre sacrée par la résonance du tam-tam Aklima qui suit la trajectoire de Djossi (Aného) à Gbatchomé (Glidji-Kpodji) par la voie lagunaire.
Les abstinences observées pendant ce temps permettent à chacun de se débarrasser de toutes souillures, d’éloigner des villes et villages «GƐn» les mauvais sorts et toutes malédictions, de reprendre conscience de ses liens avec les ancêtres, les sinsins, les bomen et Mahu pour permettre un renouvellement spirituel de l’être humain.
La nature retrouve pour ce temps son état originel tel que Dieu l’avait créée au commencement.
Dans l’ordre chronologique des étapes, la cérémonie de Motata précède celle de Situtu de Togbé Lakpan et vise à préparer les voies matérielles et spirituelles donnant accès aux divinités «GƐn».
Après avoir reconnu ses fautes, chaque individu «GƐn» reçoit la bénédiction par aspersion et ablution. Cette cérémonie se fait auprès de deux divinités «GƐn» : la divinité Nabossomafli et Togbé Lankpan. À cette occasion, les «GƐn» se pardonnent mutuellement, se pacifient et se reconcilient. Les prêtres hounons invoquent Dieu Mahu et demandent la paix, le bonheur et toute bénédiction sur le peuple «GƐn» et sur tout le pays ainsi que sur le monde entier. Cette cérémonie a lieu généralement en août. Voici quelques photos de la cérémonie Situtu d’août 2018 à laquelle j’ai participé.
Le moment de la prière collective. Après cela, les feuilles préparées sont versées dans un fût d’eau. Cette eau de purification est répartie dans des contenants et aspergée sur la foule. Les participants qui le désirent, peuvent en emporter dans de petites bouteilles.
4. Kpémama : ″partage des pierres″
Cette cérémonie a lieu le jeudi qui suit Situtu de Togbé Lakpan. Elle consiste à distribuer des grains de maïs sacrés dont le décompte final détermine le jour de la prise de la pierre sacrée.
5. Dèpopo : prière universelle
Des prières d’intercession à l’intention des différentes couches de la société (enfants, viellards, veuves affligées, jeunesses, orphelins, malades, travailleurs, etc.) sont adressées à Dieu à travers les divinités guin, tous les jeudis avant la prise de la pierre sacrée.
6. Kpessosso : prise de la pierre sacrée
La cérémonie de Kpessosso se déroule toujours le jeudi à la nouvelle lune à Glidji-kpodji. Elle est marquée par la prise de la pierre sacrée dont la couleur symbolise le résultat obtenu auprès des divinités de la forêt sacrée de Gbatchomé sur ce que sera l’année nouvelle. Lorsque la couleur de la pierre prise est blanche, cela signifie que l’année nouvelle sera très bonne dans la quasi-totalité des secteurs et domaines de la société. La couleur bleue annonce l’abondance de la pluie et la bonne récolte. La couleur noire prévoit les calamités naturelles (famine, peste, incendie, etc.). La couleur rouge annonce la guerre comme cela a été le cas pour les deux guerres mondiales : les pierres prises lors de ces deux années-là étaient rouges. Lorsque des risques et dangers sont annoncés, des dispositions et rites sont organisés pour les amoindrir.
D’autres sources font état que la cérémonie de Kpessosso sur les lieux de Glidji-kpodji se déroule en trois étapes :
Encadré n°1 : Le déroulement de la cérémonie rituelle de Kpessosso Le Tchesi Dodo (préparation de l'eau sacrée). Avant d'entamer le rite du Tchesi Dodo, on procède à la préparation du Tchesi, avec de l'eau de mer, une bouteille de gin, une bouteille de sodabi et des herbes spéciales. La préparation terminée, les hunons et quelques initiés placent leurs mains au-dessus de la cuvette et les trempent trois fois successivement dans le liquide avant d'asperger ceux qui les entourent. La cuvette est ensuite déposée devant la foule. C'est à ce moment que commence le rite de bénédiction du Tchesi. Le grand prêtre entame alors plusieurs invocations et prières. Celles-ci finies, il se dirige vers l'enceinte sacrée et en revient avec des bouteilles d'alcool qui contiennent la force du vaudou et qu'il confie aux hunons. De nouvelles prières sont dites à la fin, puis il verse dans la cuvette les diverses boissons apportées et se rend dans chaque couvent pour faire des sacrifices. C'est alors que commencent les cérémonies rituelles de libation. Les gens se regroupent devant les couvents pour la purification et reçoivent quelques gouttes d'eau sur la tête avant de s'en laver le visage. Au cours de ce rituel, de nombreux adeptes tombent en transe violente. Après avoir procédé aux libations, chaque groupe se dirige vers le lieu sacré où se dressent les sanctuaires des trois grands vaudous auxquels il présente des offrandes. Le Motata (débroussaillement de la voie). Le chemin qui mène à la forêt sacrée où sera " découverte " la pierre sacrée est balayé une seule fois par an, au cours de cette cérémonie. Seules les autorités religieuses pénètrent dans la forêt, tandis que la foule attend à la lisière dans un état d'excitation de plus en plus marqué. Le Kpessosso (prise de la pierre sacrée). Après un certain temps, les hunons et les vodusi sortent de la forêt sacrée. Un jeune vodusi [adepte] porte la pierre sacrée qui symbolise l'année nouvelle et qui représente la déesse mama Koley. La foule en délire attend sur la place en face du couvent d'Avu du Pu, au centre de laquelle se dresse une colonne de pierre blanche entourée d'une clôture de bambou. La procession fait alors le tour du couvent de mama Koley et revient à l'entrée du sentier. Les vodusi exécutent des danses rituelles avant de soulever la pierre à bout de bras. C'est le moment le plus fort de cette cérémonie qui marque le début de l'année pour les «GƐn»-Mina. https://www.petitfute.com/p107-togo/c1170-manifestation-evenement/c1250-fetes/c251-fete-traditionnelle-folklore-kermesse/669169-epe-ekpe.html, consulté 24 juin 2019. |
La cérémonie de Kpessosso, qui marque la fin de l’année en cours et le début d’une nouvelle année, draîne une foule écrasante chaque année. Des milliers de personnes, des quatre coins du monde, y convergent : prêtres, notables, autorités religieuses, autorités administratives, natifs «GƐn», touristes ou simplement des curieux. Certains observateurs comparent ce grand rassemblement culturel au « Vatican du vaudou », d’autres affirment que ce rassemblement culturel serait « l’un des plus grands en Afrique de l’Ouest ». Voici quelques extraits illustratifs :
« Cérémonie de la Prise de la Pierre Sacrée à Glidji, le Vatican du vaudou. Tous les ans, les Guins se réunissent à Glidji pour célébrer le nouvel an. Les grands prêtres pénètrent dans la forêt sacrée pour retrouver la Pierre Sacrée qui annonce en fonction de sa couleur le destin du peuple. Glidji est le siège des 41 divinités Gè Yéhoé [Le Dieu des «GƐn»]» (Wilson-Bahun, 2005)[1].
« Epe-ékpé (fête historique des Guins). C'est sans doute une des cérémonies les plus importantes de toute l'Afrique de l'Ouest. Propre aux «GƐn» venus du Ghana au 17ème siècle pour s'installer dans la région des lacs en 1663, Epe-Ekpé est l'occasion de la prise de la pierre sacrée (Kpessosso) qui demeure le noyau autour duquel tournent toutes les manifestations. Cette fête marque le début de l'année de l'ethnie Guin. Elle n'a pas de date fixe mais est généralement célébrée au mois de septembre de chaque année et quelques rares fois au mois d'août à Glidji-Kpodji. »[2].
« La série de rites traditionnels et ancestraux qui sont censées consolider l’unité des peuples Guins du Togo, Epé-Ekpé, volent en éclats par des scènes de violence depuis quelques années. Cette fête historique des Guins ou Guês, l’une des plus anciennes en Afrique de l’ouest, date de 1662. Après leur exode du Ghana, ce peuple s’est installé dans les Lacs au Togo en 1663. Durant ces rites, la nouvelle orientation de l’année est donnée par la prise de la pierre sacrée (Kpéssosso) à Gbatomé à Glidji–Kpodji, la cité sacrée des Gês » (Noussouglo, 2016)[3].
« Le peuple Guin se prépare pour la prise de la pierre sacrée « Kpessosso », la fête traditionnelle qui marque le début d’une nouvelle année. Cette année, la prise de la pierre sacrée, la 356ème se fera le 6 septembre prochain dans la préfecture des Lacs. La 356ème pierre sacrée sera prise à Avé Gbatso (Glidji Kpodji) comme c’est le cas tous les ans. Rappelons que Kpessosso en pays guin a été source de tensions à plusieurs reprises entre certains clans qui se réclamaient la paternité de ce rite. L’année précédente, les choses se sont déroulées plus ou moins sans tension. Un souhait que le chef supérieur de la ville d’Aného Ahuawoto Savado Lawson-Zankli VIII, réitère pour cette édition. Pour information, la fête traditionnelle Kpessosso est célébrée depuis 1663, après le départ du peuple guin du Ghana pour s’installer dans la partie Est de la préfecture des Lacs. » (Aziadouvo, 2018)[4].
De ces différents extraits croisés, nous retenons que la cérémonie rituelle des «GƐn» nommée Kpessosso date de 1663, l’édition de 2018 en est la 356ème. Cet évènement historique a été secoué au cours de la décennie en cours par de graves conflits fratricides. En effet, la responsabilité de l’étape Kpessosso incombe à deux divinités Togbé Sakuma (le mâle) et mama Colley (la femelle). Les deux divinités seraient un couple. Des informations croisées recueillies sur le terrain, il ressort que pour des raisons « matérielles » (précisément la gestion des subventions octroyées par l’État togolais pour l’organisation de la cérémonie), les autorités et adeptes des deux divinités se sont opposées. Chaque camp se réclamant la paternité de l’organisation de la cérémonie de Kpessosso. Pendant ces moments de tensions internes, l’organisation de la cérémonie de Kpessosso a tourné court : la prise de la pierre a été effectuée par chaque camp ; le résultat en était que deux pierres étaient prises pour la même année ; ce qui ne correspondait pas à l’esprit de la tradition. Cette pratique cahoteuse a duré trois ou quatre saisons. L’immiscion politique avait rajouté une couche à cette division interne. Pendant cette période de tension, les Guinnous d’Agoué avaient suspendu l’envoi des convois d’adeptes à Glidji-kpodji à l’occasion de Kpessosso. De sources proches, seuls quelques prêtres y prenaient part pour le compte des «GƐn» d’Agoué.
À la suite nombreuses tractations entre dignitaires et autorités du royaume «GƐn», de nouveau, la cérémonie de Kpessosso de 2017 et celle de 2018 se sont déroulées ensemble et plus ou moins sans tensions visibles. Le mieux que l’on puisse souhaiter est que la politique s’éloigne au maximum des pratiques culturelles et cultuelles.
[1] https://www.routard.com/photos/togo/1373916-prise_de_la_pierre_sacree_a_glidji.htm, consulté le 28 juin 2019.
[2] https://togo-tourisme.com/culture/fetes-traditionnelles/epe-ekpe, consulté le 28 juin 2019.
[3] http://togocultures.com/togo-epe-ekpe-une-tradition-desacralisee-des-joyaux-transformes-en-immondices/, consulté le 28 juin 2019.
[4] https://www.togotopinfos.com/2018/07/20/togotradition-356eme-pierre-sacree-sera-prise-6-septembre-pays-guin/, consulté le 28 juin 2019.
Aperçu de la place du festival en temps ordinaire
Photo 1 : L’entrée du lieu du festival Guen-pé (la fête des «GƐn»). Photo 2 : Le podium à partir d’où la pierre sacrée est présentée à la foule, dans le fond la tribune. Photo3 : Vue du gradin en temps ordinaire. Photo 4 : Aperçu de loin de la forêt sacrée de Glidji.
L'ambiance sur la place du festival au jour de la prise de la pierre sacrée
C'est le jour du grand rassemblement. Les Guin, leurs proches et amis, les chercheurs, les curieux, les invités, les autorités, etc. assistent à la cérémonie de la prise de la pierre sacrée. Les adeptes des différentes divinités guin chantantent et dansent.
La recherche de la pierre sacrée se fait par les grands dignitaires de Togbé Sakuma (le mâle) et mama Colley (la femelle). Le mâle cherche et retrouve la pierre sacrée et la femelle la présente à l'assistance. Lorsque la pierre sacrée est de la couleur blanche, les dignitaires et l'assemblée poussent des cris de joie et de satisfaction. Car, cette couleur symbolise une année de paix et d'abondance.
Lors du festival, il faut remarquer pour les femmes deux types d’habillements : l’un constitué de deux tissus blancs dont l’un cache la poitrine, l’autre constitué de jupe qui s’arrête à la hauteur de la taille. Chaque divinité à son costume. La mise à nu de la poitrine ne dérange guère. C’est une conservation de la tradition quoique cela a un côté sensuel sur lequel je reviendrai plus loin.
Qu’ils soient femmes ou hommes, adeptes ou dignitaires, tous les fidèles des divinités sont parés de leurs plus beaux habits et des perles de grande valeur pour la circonstance. Les perles ornent leur cou, leurs poignets et leurs chevilles. Bien souvent, l’ensemble du costume d’un/e adepte peut être évalué à des milliers d’euros (ou des millions de francs CFA). La beauté des femmes «GƐn», surtout des adeptes (hommes ou femmes), n’a pas de prix.
7. Nualiyogbé et vénavio bé kƆnu [rites à l’endroit des morts et des jumeaux]
Le lendemain de Kpessosso est un vendredi. C’est le jour consacré à l’exécution des cérémonies rituelles en faveur des jumeaux (en journée). La nuit de ce même jour est marquée par le réveillon des morts (Nualiyoyo [appel des morts]). La communauté se rappelle de tous les disparus de l’année écoulée à travers des prières, des chants et des danses rituelles.
8. Yaka-okin ou yèkè-yèkè dugbé : le repas collectif du nouvel an
Le samedi qui la prise de la pierre sacrée est un jour de fête dans le milieu «GƐn». Toute la communauté «GƐn» commence à communier au repas traditionnel appelé yaka-okin et dont la déformation devenue populaire est yèkè-yèkè [yaka = gratuit ; okin = prises ou bouchée, en un mot c’est une invite à manger à satiété]. Ce repas est préparé à base de maïs moulu non fermenté et se consomme gratuitement, dans n’importe quelle maisonnée, accompagnée de la sauce de mouton, de chèvre, de bœuf ou de poissons fumée. Il se présente comme du couscous et se mange traditionnellement à la main, et à plusieurs personnes autour d’un grand plateau bien garni.
Cette pratique permet à toute la communauté (qu’on soit riche ou pauvre) de bien faire la fête, car ceux qui n’ont les moyens de cuisiner peuvent passer de maisonnée en maisonnée pour manger à leur faim. Chaque famille ou collectivité préparer ce repas de fête en excédent dans l’optique des invités éventuels arrivent. Généralement, les invités ne s’annoncent pas (ou ne préviennent pas).
La consommation de ce repas se fait de septembre à décembre et prend fin avec la cérémonie de vodou djé apou. Yaka-okin est le symbole du partage, de la communion chez les «GƐn» et Mina.
9. Nlowanagbé ou Agbota gbangbé : présentation des vœux du nouvel an
Agbota gbangbé signifie, au sens premier du terme, le jour où on casse la tête du mouton. Le premier dimanche du nouvel an chez les «GƐn» est le jour de présentation des vœux. Il symbolise le premier jour de l’an Guin. Les membres de la communauté, qu’ils résident ou non sur l’aire culturelle «GƐn», se présentent des vœux (de partout dans le monde). Voici le contenu de ces vœux :
Personne A : Nlowa nlowa [traduction non retrouvée].
Personne B : éwla miwla [traduction non retrouvée].
Personne A : afi na ékpé [traduction non retrouvée].
Personne B : vikpé nana [traduction non retrouvée].
Personne A : ékpé bobo [traduction non retrouvée].
Personne B : évoê [évoyin] né todji [que le mal s’éloigne].
Personne A : énoyê [énoyin] néva anyigba [que le bien arrive sur la terre].
Personne B : téti ne no agbé [que le plant d’igname vive].
Personne A : né té ka né vublaê [pour que la liane d’igname l’entrelace]
Personne B : pé dé ka éwoa dé ka [un cheveu gris par année].
Personne A : miayo ako dé bé ako [faisons l’union].
Personne B : déviwo lé akpé dowo [les enfants disent merci].
Source : Extrait du document d’histoire et culture du palais royal de Lolan (2007, 21).
10. Togbé Sra sosso
Au deuxième jour de la nouvelle année «GƐn» (le lundi), la divinité Togbé Sra est promenée par ses adeptes. Ces rituels sont conduits dans toutes les localités de l’aire culturelle «GƐn».
11. Kpan djé agbonu et kpan yiho : le début des danses culturelles de réjouissance
Au troisième jour de la nouvelle année «GƐn» commence les danses culturelles. Les cérémonies de kpan tchontchon ou kpandjé agbonou ouvrent le bal pour une série de danses : chaque danse dure trois jours. Kpan tchontchon débute le mardi et se termine le jeudi avec kpan yiho. La nouvelle lune devait apparaître au ciel dans la soirée de kpan yiho : cela marque le premier mois des «GƐn». Kpan tchontchon est une danse rituelle et populaire. Chaque classe de membres claniques avec son costume (voir photos).
Ce mode d’habillement à l’identique des akovi serait adopté dans le but de permettre à tout le monde de prendre part à la fête sans distinction de classes sociales. De personnes âgées aux enfants, des chefs religieux aux adeptes des divinités, tous communient à travers des chants et des danses. Les herbes cica cica représentent « l’or » des «GƐn».
12. Vodou djé apou : retour des divinités à la mer
Trois mois après Kpessosso débutent les cérémonies du retour des divinités à leur origine qui est la mer. C’est ce qu’on désigne par vodou djé apou. Les dieux emportent avec eux toutes nos souillures et nos malédictions. Cette cérémonie commence par Azandron (il est interdit de jouer au tam-tam), se poursuit par la sortie du tam-tam kplè qui se joue du mardi à jeudi, jour où des offrandes (vossa) sont jetées à la mer.
En conclusion, toutes les cérémonies traditionnelles d’épé-ékpé prennent alors fin avec vodou djé apou. Depuis l’étape de Sédodo (les prohibitions) jusqu’à l’étape de Vodou djé apou, il faut compter environ six mois. La vie en société et en communion avec les divinités est organisée dans un esprit de paix, de sérénité, de pardon et de cohésion sociale. Dans ses croyances, la communauté «GƐn» fait une place de choix aux morts et aux divinités venant de la mer.
Sur ces 41 divinités «GƐn», trois sont directement impliquées dans l’organisation et l’exécution de la prise de la pierre sacrée (Kpessosso). Il s’agit de : 1) Togbé Lakpan (sis à Aného) : il joue en quelque sorte le rôle du législateur (les règles et les prohibitions qui régulent les comportements humains durant la période qui précède la prise prise de la pierre sacrée) et celui du ministre de l’intérieur (veille à ce que l’ordre établi soit respecté) ; 2) Ata Sakuma et son ″épouse″ mama Colley (3), deux divinités responsables du bon déroulement des rites qui ont lieu dans la forêt sacrée. La prise de la pierre sacrée est précédée de quelques rites préalables qui amènent certains prêtres religieux à séjourner dans la forêt pendant plusieurs jours.
Les prénoms chez les AKANS (LAWSON)
Les prénoms chez les Agban (2è lignée)
Les prénoms chez les SEMPE (Les Dégbénu)
Les prénoms des jumeaux et de leurs cadets
Les prénoms correspondant à chaque jour de la semaine
Généralement, chez les «GƐn», même si les enfants reçoivent des prénoms en français, on y adjoint des prénoms locaux : soit des ako-gniko (prénoms claniques), soit des azangbé-gniko (prénoms du jour de naissance). D’autres parents préfèrent des prénoms qui ont une signification symbolique comme par exemple « Sitou » (bénédiction), « Akpédjé » (rendons grâce), etc. Malgré l’introduction des religions importées (le christianisme, l’islam, etc.) le peuple reste fidèle, depuis plus de trois siècles et demi, à ses croyances : les adeptes des divinités et les akovi convertis aux religions importées vivent en parfaite symbiose sur l’aire culturelle «GƐn».