La mise en valeur de la beauté sur le marché économique et de l'amour, volet2

Volet 2 : La beauté serait-elle fatale à l'ordre social établi ?

Dans le précédent article j'évoquais juste à propos le jeu de trouble fête que mènent la beauté et l'argent. Je poursuivrai mes propos encore ici en m'appuyant toujours sur les travaux de mon prédécesseur Pierre-Joseph Laurent, car ce qui s'observe depuis un certain temps sur mon terrain en communauté Guin et Mina, lui aussi l'avait observé sur ses différents terrains au Burkina Faso, au Brésil, au Cap-Vert, et d'autres auteurs dont il a exploité la monographie l'ont également observé au Sénégal, en Gambie, etc.

Depuis les sociétés anciennes, la beauté avait toujours joué ce rôle de trouble fête. Mais elle fut longtemps canalisée dans les sociétés coutumières par des normes, celles qui permettaient à chacun de se sentir en sécurité au sein de son groupe. Chaque femme équivalait à une autre, ce qui permettait à chacune d'être "casée", belle ou laide, jeune ou vieille, stérile ou mère. Chaque homme équivalait à un autre aussi, ce qui permettait à chacun de trouver chaussure à ses pieds, beau ou laid, jeune ou vieux, riche ou pauvre. Mais, de plus en plus, la globalisation des normes nouvelles de la beauté semble nous ramener aux pratiques anciennes  de l'époque où la beauté pouvait tout se permettre, où la beauté était une véritable arme fatale aux mains des gens du peuple.

« Que se passe-t-il si la belle du peuple séduit le fils de riche ? La beauté n’est-elle pas depuis toujours une forme populaire de l’espérance ? Alors, la beauté peut devenir « fatale » à l’ordre politique, à ses hiérarchies et à ses asymétries. Aujourd’hui à Ouagadougou et à Rio de Janeiro, lorsque les chemins « classiques » de l’ascension sociale (école, famille, travail) s’amenuisent, le corps devient pour certains un capital dont il faut savoir se saisir. Mais alors, l’ascension sociale ne passe plus par un cheminement au sein de l’ordre politique dès lors que la beauté (une qualité de l’ordre sensible), par exemple, permet d’espérer acquérir une place plus privilégiée au sein de la hiérarchie d’ordre politique. Le marché et le désir, lorsque ça les arrange, sont aveugles aux stratifications sociales : ils ne sont pas socialement raisonnables. La beauté, dans son essence même, possède la capacité de corrompre les hiérarchies sociopolitiques et présente donc un risque pour la reproduction de la société. Il en résulte que la beauté n’est pas un simple capital mis au service de la distinction ou de la reproduction des rapports sociopolitiques. La beauté fonctionne aussi comme un talisman grâce auquel il est possible de franchir certaines barrières sociales » (Laurent, 2010, emplacement 376 à 411).

Pour Laurent (2010), on croise dans un même espace aujourd'hui un « corps de classe » et un « corps de l’ascension sociale » surtout dans les sociétés en plein bouleversement (comme Burkina Faso et Brésil). Ces propos peuvent être élargis à de nombreux pays voire à toute l'Afrique subsaharienne : le Congo, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée, le Sénégal, le Bénin, le Burkina Faso, etc. (voir Lacombe, 1983, 1987 ; Pison, 1986 ; Bourdieu, 1990, 2002 ; Pilon, 1991 ; Ngondo a Pitshandenge, 1992 ; Daloz, 1996 ; Marcoux, 1997 ; Antoine, 2002 ; Mondain et al., 2004 ; Locoh et Mouvagha-Sow, 2005 ; Hertrich, 2006 ; Laurent, 2010 ; Mazzocchetti, 2012 ; qui ont mené des études dans différents pays à propos de l'ascension sociale par le corps).

Marquons ici un petit arrêt pour situer ce petit extrait du Professeur Pierre-Joseph Laurent dans son contexte. L'ordre social qui gouverne le "vivre ensemble" pour l'harmonie et la paix dans un groupe d'humains donné est constitué d'un ordre politique qui évoque la différenciation, les hiérarchies et la soumission ; c'est celui-là qui définit les classes, la stratification sociale : la bourgeoisie, l'aristocratie vs les gens du peuple ; la dynastie versus les sujets ; les élites versus les analphabètes ; les gouvernants versus les gouvernés ; etc. Cet ordre assure une fonction de cohérence dans chaque groupe social. Puis il y a l'ordre sensible ; celui-là même qui se rapporte à la beauté humaine et aux désirs, fantasmes, émotions, etc. qu'elle évoque ; bref le sensoriel et le sensible.

Pour le professeur Laurent et bien d'autres auteurs avant lui, vu que la beauté humaine est inégalement répartie, un meilleur "vivre ensemble" impose forcément la « régulation sociale de la beauté ».  À travers celle-ci, le groupe social établit des « catégories d’équivalence » : la catégorie des hommes (un homme équivaut à un homme) et la catégorie des femmes (une femme équivaut à une femme) bien sûr sur le terrain de l'alliance. « Dans ce sens, les alliances permettent à chacun de garder toute sa vie sa qualité de membre à part entière d’un groupe donné et cela, bien au-delà du désir des uns et des autres. Autrement dit, c’est par l’alliance que ceux que l’on considère comme les plus faibles d’un groupe s’accrochent à la société pour survivre » nous dit l'auteur. À défaut de cela, « la prise en considération de la répartition inégale de la beauté entre les personnes conduit à accorder une place à la singularité humaine dans l’établissement de la société. [Alors que] cette singularité doit être régulée pour que la société puisse se reproduire. À l’opposé, l’apparence qui fait son retour massif dans nos sociétés évoque le désir, et équivaut aussi à une société close, asocial et infra-éthique » (Ibidem).

« S’intéresser à l’inégale répartition de la beauté équivaut à valoriser les singularités, mais aussi les disparités existant entre les individus », nous dit l'auteur. Alors que les militants antiracistes rejettent une telle posture de différence humaine « essentielle », au risque d’attiser les comportements discriminatoires immondes basés sur la mise en évidence de différences physiques (Ibidem). C'est plutôt là des considérations épistémologiques dont je ne voudrais pas vous encombrer. Mais au-delà, le refus de traiter de la beauté humaine, et donc de la singularité comme un fondement, comme un factum, un fait à établir, reposerait sur la recherche, plutôt vaine, d’une solution "d'harmonisation" à l'instar de ce que l’on espérait obtenir en instituant le port obligatoire du costume dans les collèges et les lycées (occidentaux) ou des kakis et autres uniformes dans les écoles (de nombreux pays africains). L’objectif étant de gommer les différences sociales qui resurgissaient pourtant dans de subtils détails, comme la prestance, une coupe de cheveux ou un bijou.

La régulation sociale de la beauté et donc l’édification sociale de la similitude qui en découle ont-elles une place, à côté de la différenciation sociale, comme opérateur fondamental de la pensée humaine ? se demande Laurent (2010). Alors que l'auteur a démontré le long de son ouvrage que l'établissement de la similitude était la solution qui permettait la sécurisation de l'ensemble des membres dans les sociétés coutumières ou sociétés à alliances », il évoque aussi que « dans les sociétés à « mariage par consentement mutuel généralisé », la régulation de l’ordre sensible se transforme. Et les questions relatives à l’inégalité fondamentale (à la singularité lorsqu’elle se donne à voir dans la répartition inégale de la beauté) participent, plus qu’il n’y paraît, à la reproduction de l’ordre politique et donc de la société, c’est-à-dire à la transmission de l’ordre social » (Ibidem). Et bien, nous y sommes aussi aujourd'hui dans les sociétés dites coutumières jadis, la globalisation de l'image, la valorisation de l'apparence ou le culte du corps se jouant à fond aujourd'hui.

Quelques commentaires des internautes à la suite du texte ci-dessus

Messirelle Nkadji Je t'aime trop Pat 😂😂😂. Les mêmes filles là disent qu'on ne gagne pas la vie seulement avec l'école quand bien même elles n'ont pas un grain d'éducation.....
Et quand elles sont alors en pleine causerie hein ah mouf se sont les ( je la Di que quoi ) que tu veux entendre 🤣🤣

Atangana Jean Et adeptes des marabouts pour attirer les hommes, c'est là-bas que tout leur argent part... Leur grosse tête là c'est seulement pour porter les mèches tu cognes déçu ça fait bong bong bong tellement c'est vide après quand l'âge avance et que la beauté fini elle remplissent les églises réveillé et vont versé leur frustration sur un pauvre à qui l'escroc de pasteur a dit j'ai rêvé que tu vas épouser Audrey 😒🚶🏾‍♂️🐖.

Colette Kouka Coach tu as tout dit. Franchement, je ne comprends pas certaines filles quoi. Cherchez un homme qui vous dira '' lorsque je t'avais connue, c'était ta beauté qui m'a attiré mais maintenant ton comportement et tes projets pour l'avenir m'amènent à rester avec toi''.

Pape François Le physique excite le zizi ....c'est pourquoi, on fait tout pour mettre le dos au sol...les valeurs excitent le coeur...à chacune de voir quels types d'hommes elle veut attirer....le miel attire les abeilles, le pollen les papillons, le Matango les mouches...à chacune de voir.

Modiri Sandra C'est tellement vrai. Je suis femme et je suis d'accord avec ça. Beaucoup de nos sœurs passent plus de temps à soigner leur apparence extérieure, chose qui n'est pas mauvais, mais quand tu te mets à débattre avec elles ou parler de la vie, de leur perspective d'avenir tu verras combien certaines n'ont rien dans la tête, beaucoup ont comme accomplissement ou rêve d'épouser un homme riche et de vivre la belle vie.

Dorine Attoro Coach stp prends un casier de bière où que tu sois de ma part.. merci pour cette vérité que nous jeune fille devrions comprendre… triste réalité. hmm.

Gilberte Ong Mefoute Coach, certaines vont retirer leurs 100 ans qu'elles te donnent souvent .... Une vérité brutale.
Merci pour ce précieux conseil à l'endroit de la jeunesse féminine.

Joëlle Kimi Wilson certains hommes misent sur l’apparence pour ça qu’elles soignent mais ce qui est bon et contrairement à elles bcp de femmes savent ce qu’elles veulent mais malheureusement vous ne les calculez pas parce que elles ne sont pas à vos goûts et elles souffrent.

Med Benjamin Traore ça c'est mon coach !! Aujourd'hui là seulement tu as parlé hein. En vérité si elles comprenaient cela car nous hommes avions besoin des femmes avec qui nous pouvons construire notre avenir. Faut parler à tes reines hein le foyer ne se gagne pas en boite de nuit.

Salif Traore C'est trop tard pour beaucoup. Je n'ai jamais compris comment une personne peut accepter de vivre avec tout dans le physique et rien dans la tête.

Laetitia Kende Minga Coach le volume est très fort mais entre nous beaucoup d hommes ne réalisent pas ils ont des diamants juste à côté d’eux et préfèrent mêmes ceux filles ou femmes que vous avez décrit ci haut 😥

Rifa Jordan Coach, dites-vous qu'il y'a des hommes qui aiment ce genre de filles et qui sont prêts à se caser avec, car l'apparence prime avant TOUT à leurs yeux.

Djamella Alexia Certains hommes n'ont rien à offrir. Toujours à la salle, devant le miroir, Corps de rêves, Don Juan au lit...ils vivent l'instant présent. Insouciant.. elle est où la valeur ajoutée de ceux là ? Tout dans l'apparence. Ca va dans les 2 sens. A moins qu'un post spécialement sur les hommes soit en préparation.

Ces commentaires viennent une fois encore confirmer l'écrit du Professeur Pierre-Joseph Laurent « La beauté humaine est ce qui plaît à l’œil et à l’esprit ; elle évoque les désirs et les fantasmes, un ordre sensible, celui des émotions et du sensoriel ». La beauté a toujours constitué pour certains l'espoir d'une ascension sociale. Aujourd'hui, ce sont à la fois les filles et les garçons qui sont concernés par l'exposition d'une apparence attrayante, des corps de rêve auxquels rien ne résiste...