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Beauté-famille-sexualité

Le but de ce blog est de parler de la beauté, de la famille et de la sexualité en prenant appui sur la communauté Guin et Mina. La communauté Guin et Mina a une culture riche de plus de 3,5 siècles mais peu connue. Aujourd'hui, cette communauté n'est visualisée qu'à travers les pratiques sexuelles peu positives d'une minorité de femmes guinnou ou Mina. Ce blog revisite l'organisation sexuelle du peuple Guin et Mina à travers le temps (approche diachronique) afin d'en tirer des inspirations susceptibles de façonner notre mode de vie contemporain. Mot clés : #Beauté, #Sexualité, #Famille, #Guin, #Mina

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet2

Volet 2 :  La beauté féminine et la séduction

La beauté

 

Marquons ici un arrêt pour répondre à deux questions de clarification conceptuelle avant d'aller plus loin, à savoir : Qu’entendons-nous ici par « beauté [féminine] » ? Et quel est son lien avec la « séduction » ? Le cadre de ce travail ne permet certainement pas de m’étaler sur des controverses épistémologiques et disciplinaires concernant la notion de « beauté ». Toutefois, le respectable texte de Pierre-Joseph Laurent publié en 2010 sous le titre « Beautés imaginaires » m’en ouvre une petite brèche (j’en exploite ici la version Kindle).

 

Pour Laurent (2010, emplacement 244), la définition du concept « beauté » repose sur deux registres distincts : l’œil et l’esprit ; mais pas que, elle fait aussi appel à deux ordres de pensées : « l’idée même de beauté résulte d’une construction socioculturelle, locale, sujette donc à variation, en même temps qu’elle est portée par des principes biologiques. La beauté n’est pas une essence, c’est-à-dire une catégorie en soi, objectivable ; elle résulte d’une construction individuelle et sociale, elle évoque aussi les désirs et les fantasmes, tout en possédant un substrat biologique ».  Ici, le sociobiologique est donc à l’œuvre. L’auteur évoque également un fait indéniable : la beauté est éphémère et elle est inégalement répartie entre les humains d’un groupe donné (bien que largement instituée sur des bases sociologiques). Par ailleurs, la « beauté » évoque aussi, selon l’auteur, un ordre sensible, celui des émotions et du sensoriel ; au-delà des mots et de la raison, celui de l’ineffable, du trouble, de l’équivoque et de l’attirance.

 

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet2

Mais le concept de « beauté » semble opposer deux courants de pensées : d’un côté, ceux qui évoquent la notion de « beauté » de façon objective en fonction de critères universels et mesurables (c'est le cas de la psychologie cognitive) ; et de l’autre côté, ceux qui l’évoquent en termes de variabilité des critères de beauté en fonction de l’histoire, des lieux, des classes d’appartenance, etc. (c'est la conception darwinienne de la beauté).

 

Ainsi, le premier courant qui conteste l’idée de variabilité des critères de beauté pense qu’au-delà des différences, il existe à coup sûr des normes communes d’attirance. Selon ce courant de pensées (la psychologie cognitive), la « beauté [humaine] » est appréhendée ici sous l'angle de « l’attirance qu’une personne exerce, c’est-à-dire de son pouvoir de séduction » (Laurent, 2010, emplacement 551). Ce courant préfère la notion d'"attirance" -qui permet d'établir des critères mesurables- à celle de la "beauté" -considérée comme subjective et donc inutilisable".

 

Les travaux expérimentaux menés, au sein de ce courant, ont permis de mettre en évidence le rôle des différents traits dans l’attirance du visage, ou celui de la symétrie ou de l’augmentation progressive de l’attirance de visages composites en fonction du nombre de visages mélangés, etc. L’objectif ici est d’expliquer ce qu’est le visage idéal et cela par-delà la variabilité intra et interculturelle. Ceci est à rapprocher du caractère plus ou moins universel du stéréotype "Ce qui est beau est bien" (Baudouin et Tiberghien, 2004 in Laurent, 2010). Pour ce courant, « un visage attirant, l’est globalement pour tout le monde, quel que soit le sexe de l’évaluateur ou celui de l’évalué, son âge, son appartenance ethnique … » (Ibidem). La « beauté » serait alors un visage doté de tel type de traits.

 

Comme on peut le constater, ce courant de pensées semble être, beaucoup trop, focalisé sur le visage comme déterminant essentiel de la « beauté » au détriment de tout le reste du corps tout en ayant toutefois le mérite de définir la « beauté » à partir de critères physiques objectivables.

 

A la « beauté » objective de la psychologie cognitive s’oppose donc la « beauté » subjective qui dépend du goût de chacun, ou de la « beauté » qui se révèle dans le regard de l’autre (que la psychanalyse désigne par le « désir »), défendue par le courant socioconstructiviste. Traitant de la « beauté » dans le contexte africain, où de nombreux hommes manifestent une préférence pour les femmes aux formes généreuses contrairement à l'idéal féminin porté par les médias et les publicités en faveur des femmes minces en Occident, le second courant de pensées fait écho à mes réflexions. Ce qui n'est d'ailleurs pas étonnant avec ma casquette de sociologue/anthropologue.

 

Par ailleurs, contrairement à la psychologie cognitive qui fait une fixation sur le visage à la recherche des traits objectifs de la « beauté », sur mon terrain, en communauté «GƐn»/Mina, la « beauté » s'appréhende à partir du corps entier : le visage, la chevelure, la tenue, etc. et même au-delà du corps, elle porte sur le regard, sur l'être : l'élégance, la tendresse, la douceur, le rapport à l'autre, etc. Bref, ce qui est captivant, à l'évidence, le pouvoir que l'un exerce sur l'autre ; mais un pouvoir qui ne se limite pas seulement à l'attirance du visage.

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet2
Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet2

Jean-Claude Kaufmann dans son ouvrage intitulé « Corps de femmes, regards d’hommes. Sociologie des seins nus », publié en 1998 porte également une analyse sur la notion de « beauté » particulièrement chez les femmes occidentales. Il fait plutôt une fixation rapide sur la tenue des femmes : cette « petite robe d’été » qui met en valeur « la beauté » de la femme. Il cherchait aussi à comprendre la motivation des femmes qui se bronzent nues et le lien de cette pratique avec la « beauté ». Lors de son enquête de terrain, l’une de ses répondantes dit : « Moi, si je le fais, c’est pour pouvoir mettre une petite robe d’été sans problème », une autre dit « j’ai des trucs très sexy, il faut absolument que je sois bronzée partout… », et à une autre d’ajouter « j’aime bien avoir un beau décolleté, quand il y a une marque [sur le corps], c’est pas beau », etc. (Kaufmann, 1998, p.58).

 

On voit là, contrairement à la logique psycho-cognitiviste qui se focalise sur les traits du visage comme seuls déterminants de la « beauté » humaine, comment chez Kaufmann (1998), tout le corps et le type de vêtement qui l’habille sont considérés comme parties intégrantes de la « beauté ». Et ce n’est pas Beausoleil (2000, p.231 et suivants) qui va démentir cette conception holistique de la « beauté ». Pour l’auteure, les femmes occidentales qui pratiquent le maquillage considèrent leurs corps et leur visage comme supports de la « beauté » et par où elles communiquent sur leurs identités, leurs classes, leurs humeurs, etc. Ce que dit Beausoleil (op. cit.) vaut autant pour les femmes «GƐn»/Mina : une femme «GƐn»/Mina qui ne se maquille pas perd quelque chose de son identité, de sa beauté, pour ne pas dire, de sa « vraie nature » féminine. Et pourtant elles sont souvent "naturellement" belles sans artifices, pourvu que le corps soit élégamment vêtu.
 

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet2

Lorsque Beausoleil (op. cit.) parle de « femmes occidentales », cela me permet de faire le lien avec un autre ordre d’opposition soulevé par Laurent (2010). Il s’agit de l’opposition entre ceux qui pensent que la « beauté » existe en soi et peut être expliquée selon des critères mis en évidence à la suite d’expériences et ceux qui estiment que la « beauté » procède de conventions culturelles qui sont évolutives et négociables (Laurent, 2010, emplacement 583).

 

Une telle opposition ne s’éloigne pas, dit l’auteur, de la confrontation entre les « naturalistes » et les « constructivistes ». Pour ces derniers, la « beauté » en tant qu’essence est impensable dans la mesure où elle résulterait de conventions culturelles, et par un processus d’analogies, les singularités donnent lieu à des généralités, c’est-à-dire des conventions collectivement acceptées (Ibidem, emplacement 614).

 

Dans le même sens, Laurent (2010) pense qu’avec l’industrie de la beauté, la conception conventionnelle de la beauté semble devenir la norme au-delà des frontières occidentales, car ce qui se passe dans les sociétés occidentales en matière de beauté n’est pas différent des phénomènes de même nature dans les autres sociétés, surtout avec la généralisation des supports médiatiques et télévisuels. Une telle analyse abonde parfaitement dans le sens de mon postulat de départ selon lequel il n’existe plus tout à fait de sociétés closes en Afrique aujourd’hui, surtout pas le peuple «GƐn» et Mina, un peuple ouvert sur le monde depuis sa création.

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet2

Le lien entre beauté et séduction

 

Même dans la logique psycho-cognitiviste, le « beau » c’est ce qui est « séduisant » ; l’on ne peut donc pas parler de « beauté » sans évoquer la notion de « séduction » qui lui fait corps.

 

Laurent (2010) partage avec le courant psycho-cognitiviste la compréhension que « [la beauté en tant qu]’attirance a un impact considérable sur l’ensemble de la vie sociale (vie sentimentale, professionnelle, etc.) » (Ibidem, emplacement 583). L’auteur rajoute plus loin que « Le corps de la femme apparaît comme une enveloppe qui se doit d’être belle, au service de la séduction et de la satisfaction de la sexualité masculine » (Ibidem, emplacement 1087).

 

Une telle fonction de séduction de la « beauté » est partagée de Kaufmann (1998, p.177) qui écrit que « […] la beauté attire pour elle-même : ce n’est plus la nudité sexuelle qui mène la danse mais le goût artistique. Quand c’est une belle femme, ça attire l’œil, le beau attire, c’est normal. […] le désir prend forme en se coulant dans une perception de type artistique… » ; Il rajoute plus loin que « … c’est la beauté qui crée l’attirance et libère les pulsions » (Ibidem).

 

Beausoleil (2000, p.231) ne s’éloigne pas de la conception qu’ont ces deux auteurs de la « beauté », surtout, quant à sa fonction sexuelle lorsqu’elle écrit que le maquillage est « non seulement un indice de la féminité, mais aussi un indice de la sexualité des femmes ». Ainsi, que l’on le veuille ou non la « beauté » de la femme qu’elle soit « naturelle » ou « retouchée » est un facteur déclencheur des pulsions sexuelles.

 

Les analyses de ces auteurs cités ici sont de nature à expliquer très clairement, non seulement, la précocité sexuelle des jeunes filles «GƐn»/Mina, mais surtout, la durabilité des femmes «GƐn»/Mina sur le marché de la sexualité, car, non seulement elles commencent le jeu de séduction très tôt (dans leurs tendres âges), mais également elles mènent ce jeu très longtemps, sinon, pour le reste de leur vie. Mais, la beauté visuelle n’est pas le seul élément explicatif de la désirabilité des femmes «GƐn»/Mina. Elles sont également, semble-t-il, très sensuelles aussi, et surtout, très performantes au lit [données que je ne peux malheureusement pas vérifier]. Pour finir, dans le contexte africain en général, et particulièrement chez les «GƐn»/Mina, un décor corporel en rajoute à la sensualité et à la séduction féminine, il s'agit de belles perles voire, de plus en plus, une belle chaine portées autour de la taille, c'est électrique...

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Bonne lecture à vous, chers lecteurs et chères lectrices.

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