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Beauté-famille-sexualité

Le but de ce blog est de parler de la beauté, de la famille et de la sexualité en prenant appui sur la communauté Guin et Mina. La communauté Guin et Mina a une culture riche de plus de 3,5 siècles mais peu connue. Aujourd'hui, cette communauté n'est visualisée qu'à travers les pratiques sexuelles peu positives d'une minorité de femmes guinnou ou Mina. Ce blog revisite l'organisation sexuelle du peuple Guin et Mina à travers le temps (approche diachronique) afin d'en tirer des inspirations susceptibles de façonner notre mode de vie contemporain. Mot clés : #Beauté, #Sexualité, #Famille, #Guin, #Mina

La honte du gendre à l'égard de sa belle-mère

De nombreuses sociétés ont édité des mesures sociales spécifiques permettant de tenir compte de la prohibition de l'inceste dans le vivre ensemble de leurs peuples. Les rapports entre la belle-mère et son gendre font l'objet de mesures barrières spécifiques selon les peuples : au mieux, c'est la honte du gendre à l'égard de sa belle-mère qui permet à celui-là de se tenir à distance de celle-ci ; au pire, c'est l'interdiction sociale faite aux deux personnes de se retrouver dans le même espace physique. Freud (1912, pp. 21-25) nous éclaire sur les diverses formes de mesures intégrées par les peuples concernant ce type de prohibition de l'inceste.

« La prohibition la plus répandue, la plus sévère et la plus intéressante, même pour les peuples civilisés, est celle qui porte sur les relations entre le gendre et la belle-mère. Elle existe chez tous les peuples australiens, mais on la constate aussi chez les peuples mélanésiens, polynésiens et chez les nègres de l'Afrique, partout où l'on retrouve les traces du totémisme et de la parenté de groupe, et peut-être même ailleurs. Chez quelques-uns de ces peuples on trouve des prohibitions analogues concernant les relations anodines entre une femme et son beau-père, mais ces prohibitions sont moins constantes et sérieuses que celles citées plus haut. Dans certains cas isolés, il est recommandé d'éviter les deux beaux-parents.

 

Comme, en ce qui concerne la prohibition touchant les relations entre belle-mère et gendre, le détail des faits nous intéresse moins que le sens de la prohibition, je vais me borner ici encore à ne citer que quelques exemples.

 

Aux îles Banko, ces prohibitions sont très sévères et d'une cruelle rigueur. Un gendre et une belle-mère doivent éviter de se trouver à proximité l'un de l'autre. Lorsque, par hasard, ils se rencontrent sur un chemin, la belle-mère doit s'écarter et tourner le dos jusqu'à ce que le gendre l'ait dépassée, ou inversement.

 

À Vanna Lava (Port Patterson), un gendre ne mettra pas les pieds sur la plage après le passage de sa belle-mère avant que la marée n'ait fait disparaître dans le sable la trace des pas de celle-ci. Ils ne doivent se parler qu'à distance, et il est bien entendu qu’ils ne doivent pas prononcer le nom l'un de l'autre.

 

Aux îles Salomon, l'homme une fois marié, ne doit plus voir sa belle-mère ni lui parler. Lorsqu'il la rencontre, il feint de ne pas la connaître et se met à courir aussi vite que possible, pour se cacher.

 

Chez les Zoulous, la coutume exige que l'homme ait honte de sa belle-mère et qu'il fasse tout son possible pour fuir sa société. Il n'entre pas dans la cabane lorsqu'elle s'y trouve et, lorsqu'il la rencontre, l'un l'autre se cache derrière un buisson, l'homme son bouclier devant son visage. Lorsqu'ils ne peuvent s'éviter, la femme, pour se conformer au cérémonial, noue autour de sa tête une touffe d'herbes. Les relations entre eux sont assurées par une tierce personne, ou bien ils se parlent à haute voix lorsqu'ils sont séparés par un obstacle naturel. Aucun d'eux ne doit prononcer le nom de l'autre.

 

Chez les Basoga, tribu nègre habitant dans la région des sources du Nil, un homme ne peut parler à sa belle-mère que lorsqu'elle se trouve dans une autre pièce de la maison et qu'il ne la voit pas. Ce peuple a d'ailleurs l'inceste tellement en horreur qu'il le punit même chez les animaux domestiques.

 

Alors que l'intention et la signification des autres prohibitions concernant les rapports entre parents ne soulèvent pas le moindre doute, ces prohibitions étant conçues par tous les observateurs comme des mesures de préservation contre l'inceste, il n'en est pas de même des interdictions ayant pour objet les relations avec la belle-mère, certains auteurs ayant donné de cette interdiction une interprétation toute différente. On a, et avec raison, trouvé inconcevable que tous ces peuples manifestent une si grande crainte devant la tentation personnifiée par une femme âgée qui, sans être la mère de l'homme en question, pourrait cependant le traiter comme son fils.

 

La même objection a été adressée à la conception de Fison qui a attiré l'attention sur les lacunes existant dans certains systèmes de classes matrimoniales et consistant en ce que ces systèmes ne rendent pas théoriquement impossibles les mariages entre gendres et belles-mères, de sorte qu'il a fallu édicter une mesure d'assurance spéciale contre cette possibilité.

 

E. B. Tylor pense que l'attitude de la belle-mère à l'égard du gendre n'est qu'une forme de la « non-reconnaissance » (cutting) de ce dernier par la famille de sa femme. L'homme est considéré comme un étranger, jusqu'à la naissance du premier enfant. Même si l'on fait abstraction des cas où la réalisation de cette dernière condition ne fait pas lever la prohibition, l'interprétation de Tylor présente encore un autre défaut : elle n'explique pas qu'on ait eu besoin de fixer, d'une manière précise, la nature des relations entre gendre et belle-mère ; elle laisse, par conséquent, de côté le facteur sexuel et ne tient pas compte de l'élément sacré de la crainte qui s'exprime dans la prohibition des rapports en question.

 

Une femme zoulou, questionnée sur les raisons de cette interdiction, a donné cette réponse, dictée par un sentiment de délicatesse : « Il ne faut pas qu'il voie les seins qui ont nourri sa femme ».

 

On sait que même chez les peuples civilisés les ports entre gendre et belle-mère constituent un des côtés scabreux de l'organisation familiale. Certes, il n'existe, chez les peuples blancs de l'Europe et l'Amérique, aucune prohibition concernant ces rapports, mais beaucoup de conflits et d'ennuis seraient évités si des prohibitions de ce genre existaient encore dans les mœurs, sans que tel ou tel individu se trouve obligé de les édicter pour son usage personnel. Plus d'un Européen sera porté à voir un acte de haute sagesse dans le fait que les peuples sauvages ont, par leurs prohibitions, rendu d'avance impossible une entente entre ces deux personnes si étroitement apparentées. Il est à peu près certain qu'il existe, dans situation psychologique du gendre et de la belle-mère, quelque chose qui favorise l'hostilité entre eux et rend difficile leur vie en commun. Le fait que chez les peuples civilisés les rapports entre gendre et belle-mère constituent généralement l'objet préféré de plaisanteries et de railleries serait une preuve qu'il entre, dans leurs relations affectives, des éléments d'opposition tranchée. A mon avis, il s'agit là de relations « ambivalentes », se composant à la fois d'éléments affectueux et d'éléments hostiles.

 

Certains de ces sentiments sont faciles à expliquer de la part de la belle-mère, il y a le regret de se séparer de sa fille, la méfiance à l'égard de l'étranger auquel celle-ci est livrée, la tendance à imposer, malgré tout, son autorité, comme elle le fait dans sa propre maison. De la part du gendre, il y a la décision de ne plus se soumettre à aucune volonté étrangère, la jalousie à l'égard des personnes qui, avant lui, avaient joui de la tendresse de sa femme et, last not least, le désir de ne pas se laisser troubler dans son illusion qui lui fait accorder une valeur exagérée aux qualités de sa jeune femme. Dans la plupart des cas, c'est la belle-mère qui vient dissiper cette illusion, car tout en lui rappelant sa femme par de nombreux traits qu'elle a en commun avec elle, elle manque de cette beauté, de cette jeunesse et de cette fraîcheur d'âme qui lui font tant apprécier la fille. ».

La honte du gendre à l'égard de sa belle-mère

De nombreux peuples des sociétés noires, les nôtres, sont au mieux héritiers de l'attitude ancienne des Zoulous, c'est-à-dire la honte du gendre à l'égard de sa belle-mère, sinon héritiers de la coutume ayant cours dans la région des sources du Nil, c'est-à-dire l'évitement de sa belle-mère. S'il y a une personne qui suscite respect et déférence dans l'inconscient des systèmes d'alliance, c'est bien celle de la belle-mère. L'hypothèse peut être émise ici qu'au-delà des mesures intériorisées dans le cadre de la prohibition de l'inceste, tout le respect est dû à la personne de la belle-mère pour avoir porté et élevé la femme dont on jouit. Particulièrement dans la communauté Guin/Mina, autrefois, lorsque la preuve est établie, au cours des noces, que la jeune épouse est vierge, le gendre renforce la mise de la dot, comme pour dire merci à la belle-mère d'avoir su bien éduquer son épouse. Car, c'est également de cette éducation que ses enfants à lui hériteront. C'est de cette éducation que dépendra la réputation entière de sa descendance.

Chez les Fon, peuple du centre du Bénin, une histoire anecdotique raconte qu'un gendre a rendu visite à sa belle-mère pour lui présenter ses civilités. La belle-mère, toute heureuse, cuisina une bonne sauce de légumes accompagnée du liho [un genre de purée solide à base de farine de maïs fermenté] et invite son gendre à manger. Celui-ci, bien qu'ayant très faim au moment de la visite, déclina l'invitation de sa belle-mère par honte.

Dans le langage ordinaire de bien des peuples au Bénin et au Togo, les expressions "assiyénon", "lonho gnin", etc. (entendu belle-mère) s'utilisent fréquemment pour marquer déférence ou respect vis-à-vis d'une femme ou d'une maman qu'on souhaite honorer.

Bonne lecture à vous, chers lecteurs et chères lectrices.

Bonne lecture à vous, chers lecteurs et chères lectrices.

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